Il y a quelque chose en moi, qui me
fait femme.
Et ce sont ces rondeurs, et ce sont ces
cycles de vie et de sang, et ce sont ces émotions qui montent sur
mes joues. Cerise.
Mais c’est autre chose encore.
Indéfinissable. Un souffle intermittent qui toujours revient. Un
pinceau qui vient imprimer la toile par effleurement. Touches de
couleurs qui se chevauchent.
Je suis femme. Je suis femme.
Fermer les yeux. Voir des chairs
humides, rouges violacés. Des parois, des tubes, un peu brouillon.
Des couleurs, des textures. Ne pas être capable de se faire une idée
plus précise. Des bruits, étouffés sans doute. Chaleur. Au plus
profond. Dans cet espace indéfini. Il est tellement difficile de se
représenter l’intérieur. Ne pas pouvoir aller au-delà. Mais il y
a là, quelque chose en moi qui me fait femme.
L’avoir ignorée jusque là. Parce
que d’autres causes existaient, parce qu’il y avait plus
important à faire que se souvenir que j’étais femme. Plus grave
que cette palpitation entre cœur et seins.
Il y a ce vide. Espace sans limite,
sans frontière. Ce quelque chose à combler. Cette aspiration vaste,
désespérée. Une impulsion. Un battement.
Il y a les hanches.
Syncrétisme. Contenant. Qui saillent, qui rythment.
Il y a cette humidité lapante,
palpitante. Lèvres folles qui murmurent et crient.
Il y a.
Il y a cette absence à combler
indéfiniment. Vide cruel et douloureux. Déchirure initiale qui ne
saurait être réparée.
Comment puis-je être une ?
Saurais-je être femme ?