lundi 15 mai 2006

Question

Il y a quelque chose en moi, qui me fait femme.
Et ce sont ces rondeurs, et ce sont ces cycles de vie et de sang, et ce sont ces émotions qui montent sur mes joues. Cerise.
Mais c’est autre chose encore. Indéfinissable. Un souffle intermittent qui toujours revient. Un pinceau qui vient imprimer la toile par effleurement. Touches de couleurs qui se chevauchent.
Je suis femme. Je suis femme.
Fermer les yeux. Voir des chairs humides, rouges violacés. Des parois, des tubes, un peu brouillon. Des couleurs, des textures. Ne pas être capable de se faire une idée plus précise. Des bruits, étouffés sans doute. Chaleur. Au plus profond. Dans cet espace indéfini. Il est tellement difficile de se représenter l’intérieur. Ne pas pouvoir aller au-delà. Mais il y a là, quelque chose en moi qui me fait femme.

L’avoir ignorée jusque là. Parce que d’autres causes existaient, parce qu’il y avait plus important à faire que se souvenir que j’étais femme. Plus grave que cette palpitation entre cœur et seins.

Il y a ce vide. Espace sans limite, sans frontière. Ce quelque chose à combler. Cette aspiration vaste, désespérée. Une impulsion. Un battement.
Il y a les hanches. Syncrétisme. Contenant. Qui saillent, qui rythment.
Il y a cette humidité lapante, palpitante. Lèvres folles qui murmurent et crient.
Il y a.
Il y a cette absence à combler indéfiniment. Vide cruel et douloureux. Déchirure initiale qui ne saurait être réparée.
Comment puis-je être une ?
Saurais-je être femme ?

lundi 1 mai 2006