mardi 28 novembre 2017

Instaticité

Instaticité, le contraire de de statique, qui s'oppose à toute forme d'immobilité ou de stabilité.

L'espace en moi qui s'ouvre à la lecture de ces quelques mots.
Les chatouillis dans la poitrine quand ce grand souffle d'air me pénètre.

Travailler cette année l'instatiticité, thème de l'atelier sculpture. Sept mois pour broder autour de cette idée, de cet axe, tout à la fois statique et indéfiniment mobile et fluctuant.
Cette idée me remplit de joie, d'inspiration, d'envie.
Se sentir à la bonne place, à la place qui permet d'être soi même, d'être soi dans sa recherche de soi, d’être soi dans la mouvance des aspirations intérieurs en tension avec les contingences du quotidien.

Que je suis heureuse !

lundi 2 mai 2016

Conversation du désir

- Envie.
- Bonsoir
- Sourire, bonsoir.
- Sourire
- J'ai envie de nous du fond des tripes.
- Ouahh. Délicieuse déclaration.
- Sincère
- Partagé
- Alors écrabouilles tes résistances !
- D'accord. Je vais faire en sorte de trouver cette date dont nous avons tant envie
- Merci. J'ai tellement envie que tu me prennes...
- Mon dieu que tu es belle !
- Sourire, viens !
- Je te veux aussi
- Hummm ! Oui ! Voulons nous !
- Ta croupe est délicieuse
- Elle attend tes mains sur mes hanches. Nous ne pouvons pas laisser s'échapper cette évidence du désir.
-  Tu as raison.
- Là, à t'écrire, depuis mon bureau, je mouille.
- Moi je déborde de désirs depuis mon bureau aussi.
- Sourire
- On se téléphone demain ?
- Oui, volontiers!
- Je t'embrasse
- Moi aussi, offerte et avide!
- Je t'adore. Baisers
- Baisers
- Désir fou de toi.
- Partagé. il nous faut l'assouvir pour pouvoir avancer ! Ma chatte palpite à te lire.
- Oui, c'est vrai. Baisers à demain

lundi 31 août 2015

Incarnation

Le corps comme un sac, ballotté, posé, décoratif, déplacé, frappé. Le corps comme un sac de sable. Exutoire des boxeurs à la sauvette, pour passer la rage des mots absents, des idées qui buttent contre la boite crânienne sans chemin pour sortir autre que les poings fermés, lancés la rage au cœur contre l'autre. Le corps comme un réceptacle de l'aigreur marinée d'une vie qui n'a su trouver son sens de n'avoir été suffisamment aimée. Le corps pour absorber les ondes de choc de cette rage sans tuteur grandit dans les errements de l'abandon. Le corps éponge qui se gorge de cette haine. Le corps qui finira par exploser, débris de la haine de soi de la haine de l'autre.

mercredi 22 juillet 2015

Jeanne, Albert, Anaïs, Ella, je les porte toujours en moi. Chevillés à ce besoin d’écrire qui est là, lancinant, étouffé par le quotidien, la routine et le poids des choses à faire avant demain, avant hier, avant là, maintenant, tout de suite. Alors doucement essayer de venir reprendre le chemin de leurs vies et de la mienne en filigrane. Venir essayer de trouver les mots et les espaces pour dire le caché, le ténu, le fragile en eux et en moi en miroir.

vendredi 18 mai 2012

Étrange de revenir ici. Étrange et plaisant. Anaïsella est là. Ici mais ailleurs, là même, la même mais différente. Le temps fait son œuvre, sur les corps et les âmes. Sentiments vivaces qui se métamorphosent. Albert et Jeanne sont en moi. Ils vivent leurs vies de morts. Elles me nourrissent, terreau fertile, structurant. S'affranchir des codes. Construire hors les marges des châteaux de sable fantasques, des maisons de papier, des voiliers de mousses, des frégates de houles. Semer à tout va, à tout vent des histoires étranges, des liens ténus et transparents, des tensions fertile, des regards d'enfants, des naïveté adolescentes qui construisent le monde bien plus que les calculs adultes. Ma vie sans tuteur, tuteur d'une autre vie. Ma vie tordue, rompue, brisée, qui se dresse. La vie est ailleurs, au fond de soi. Fleur fragile enracinée, agrippée.

mercredi 14 janvier 2009

Chronique d'Albert

Albert bonjour. Nous voici toi et moi réunis.
Je veux venir ici narrer notre rencontre. Une chronique déroulée de nos routes croisées.
Samedi j'avais rendez-vous avec ta femme, Jeanne, aux archives de la ville de Paris. A la périphérie de la ville, bâtiment moderne de béton et de verre en retrait du boulevard Serrurier. J'aime bien cet espace qui serait un peu aussi en retrait de la vie, comme l'est notre rencontre.
Le samedi la salle de lecture est plutôt calme. Le boucan des machines à lire les microfilms qui s'emballent quand on accélère le rythme de rembobinage, le chuchotement des lecteurs qui discutent entre eux de leur trouvaille, le bruissement des feuilles qui sont déplacées.

Hier je voulais mieux connaitre Jeanne. Comprendre cette femme issue d'un milieu populaire, qui par un mariage à 28 ans a changé de rang social. Qui en paiera le prix toute sa vie. Et toi aussi. Et vos enfants aussi.
Jeanne la fille de Charles et de Marie, monteur de bronze et confectionneuse de la rue des Commines. Mariés jeunes, morts jeunes. Ils n'auront jamais connu son ascension sociale. Jeanne dont on dit que tu l'as rencontrée dans un magasin de chaussures où elle était vendeuse. L'acte de mariage indique pudiquement qu'elle était sans profession. Il donne aussi ton adresse dans le 7èm. Quelle distance infranchissable y avait il alors entre le 3ème et le 7ème ?
Toi l'ingénieur tout juste diplômé de l'école Centrale. Comment s'oppose-t-on ainsi à sa famille Albert ? Comment impose-t-on ainsi son choix. C'était ton désir, tu l'as mené au bout. Tu avais choisi Jeanne, son milieu populaire, ses parents morts, son grand-père, Joseph, tonnelier et l'autre, Grégoire, venu de Belgique. De mieux connaitre Jeanne je m'approche de toi, de la force de ton caractère, de ton indépendance dans une époque percluse de rangs sociaux et de conscience de classe.
Je continue Albert. Je reprendrais rendez-vous avec Jeanne, pour mieux voir ce joyaux, femme élue de toi qui a su te faire affirmer ton identité.

dimanche 11 janvier 2009

Revenir la tête basse

Revenir ici et être surprise de ce qui s'y trouve. Peut-être me faudrait-il toujours me relire avant de parler. Peut-être n'ai je plus assez écris de mots depuis trop longtemps. Et je me suis perdue dans mon silence, Poucette sans ses cailloux.

Son absence se fait manque en ma chair. Là, précisément là. A la racine du sein, sur mon flanc droit, en descendant sur la longueur de deux cotes. Un trou. Un arrachement. La peau comme décollée des muscles. Et derrière, du vide. C’est là que le manque se matérialise. Cette sensation physique d’une éraflure large sur le côté. Comme la peau brûlée, râpée, après une chute à vélo.
C'est bien un en-dedans qui n'est plus et non un en-dehors arraché. Il était en moi et il n'y est plus. Ou plus exactement nous avons décidé qu'il n'y serait plus. Est-ce nous ou moi ?
Il me reste cette cavité que j'ignorais, vide. Un vide dense, compact, un vide bloc. J'ignorais que ce fut là qu'il était. Il était ainsi en moi et je ne le savais pas. Comment peut-on à ce point ignorer ce que l'on est ? Comment peut-on ne pas sentir, voir, entendre, ressentir ce qui fait son intérieur ?
Je tâte cette part fantôme de moi. Ma main gauche vient toucher, cherche un dénivelé. Rien qui ne vienne confirmer ce ressenti. Et pourtant je me sens évidée.
Que puis-je être, un morceau de moi en moins ? Est ce que je deviens autre ? L'autre peut il devenir soi ? Ou bien c'est soi qui devient l'autre ? Ou encore est ce un autre qui surgit ?

Tellement de questions qu'il est sans doute bien tard de se poser. Ce sont ces mots passés, que je n'ai pas pris le temps d'attraper et de poser. Ce sont ces mots témoins de ces instants vivants. Moments furtifs ancrés dans le peau à peau. Sa peau, la mienne, nos émotions. De moments en moments, peau contre peau, il est entré en moi et je ne l’ai pas vu.
Et je lui ai fait mal.
Et finalement je me blesse aussi dans ce mouvement de moi à lui en moi.
Par le mystère de l’alchimie qui fut la notre étais-je aussi en lui ?

Que reste-t-il à construire ?