mardi 25 octobre 2005

Plat

Être là, dans la chaleur des souvenirs, retrouver Fabienne et Luna, découvrir Timéo, attendre James qui rentre du taf.

« Mais c'est qui cette amie de Maman ? » « Tu restes dîner dit ? » « Aller on va faire un gâteau Luna ». Un yaourt, de la farine, des noisettes en poudre et au four. Odeur chaude et enveloppante.

« Mais si, restes. Tu reprendras la route demain. J'ai des magrets au frigo ».
Et puis voir tomber dans la poêle les girolles ramassées il y a peu, un peu d'ail, du gros sel.

Les voisins qui passent. Anglais de retour d'un voyage au Canada. Échange jovial, en anglais mâtiné d'occitan. Un petit verre de moscatel, des olives aux piments. Santé. A ton retour, aux voyages, aux amitiés qui durent, aux enfants qui grandissent.

Tout le monde autour de la table de mosaïque bleue, les magrets cuits dans du miel, une bouteille de vin de Duras. Conversation. Nouvelles des uns et des autres. Petits malheurs, petits bonheurs. Douleurs aussi, parfois.

Être là, ancrée dans le moment en humer chaque instant pour le ressentir de tout mon épiderme, rire aux éclats, blaguer, serrer, embrasser, câliner, et être tout autant abstraite de l'instant, en soi rentrée et perdue. Parce que trop seule, parce que le plaisir est trop loin parfois. Parce que la capacité à vivre le bonheur est anorexique, apoplectique. 
Électrocardiogramme_________________________________________________________ .

25 octobre 2005

dimanche 23 octobre 2005

Rien

Quatre ans d'absences, quatre ans au loin. Retour étrange. Ce qui fut si naturel tout à coup si lointain.

Etre ici comme on fut ailleurs, en voyage. Se sentir en transit chez soi. Ne plus savoir les codes et les signes. Ne plus comprendre les mots et les expressions. Etre étrangère à sa ville, à son pays. A soi même finalement. Ne plus appartenir à rien, pas même à soi. Avoir peur de ce vide. Ne pas se reconnaître en lui. Si ici n'est plus moi, si là-bas n'est pas moi non plus, qui suis-je ? Nothing.

Je pensais être quelque chose pour lui. Quelqu'un, même peut-être. Je pensais que l'amour que j'ai de lui, que l'amour qu'il disait avoir de moi, donneraient ce sens. Ils donnent, nothing.
J'aurais du penser, nothing.

mercredi 19 octobre 2005

Liquides

Pleurer.
Pleurer de pleurer.
Pleurer de pleurer de pleurer.
Que d'eaux.

mardi 18 octobre 2005

Ma peau à imprimer

Image ici, texte là, impression fugace, larmes qui montent.
Mon corps, ma peau, comme une page blanche, indéfiniment à imprimer. L'encre du monde, de ses heurts et bonheurs vient impressionner ce que je suis.
De contractions en vomissements, de larmes en éclats de rire, sentir en soi les guerres et la violence, la brutalité du monde. Et sa douceur aussi. Voir mon visage dans le miroir se convulser, sentir mes entrailles se rétracter. Accuser ces coups de poing dans le ventre. Feuille vierge froissée. Pleurer et pleurer encore.
Aimer cette sensibilité, la détester. N'en plus pouvoir de ne savoir être qu'émue. Parce que trop de larmes m'épuisent, que seule face à elles je ne sais plus les magnifier. Elles me plombent. Chute.

lundi 17 octobre 2005

Désir aux Carpates

Parfois le désir se carapate. Démerde toi toute seule. Je suis là sans y être, je suis absente de moi-même, absente des autres.
Alors je reste là. Interdite. Je fais, je parle, j'avance, je cours, vite parfois. Je bluffe, je donne à croire, je donne à voir.
Parfois le désir se barre. Y s'tire comme un lâche. Le désir est un homme, à n'en pas douter.
Parfois le désir part parce qu'un homme part. Et l'homme emporte avec lui tous les désirs de la femme. Il ne lui laisse que le désir de lui-même.
Et je suis là, vidée du désir de tout, pleine du désir de lui.