lundi 15 octobre 2007

Femme de papier femme de chair

Sur le tableau au mur il y a une reproduction d'Alex Colville. Une femme en maillot de bain noir allongée sur le pont d'un bateau les pieds posés à plat sur les planches, les jambes repliés et, en arrière plan, un homme qui marche dans l'eau pour ramasser ses filets.
Je tourne la tête pour regarder cette femme. Nous sommes dans la même position, elle et moi.
Je suis là, allongée sur le dos. Les jambes dans les étriers.
Il y a ce mouvement en moi, cette vague profonde, une crispation interne. Je ne sais plus ce qui est le dedans de ce qui est le dehors. Cette part de moi qu'elle touche, ce point de chair est-il interne ? Où est la limite ? Quelle est ma limite ? Elle gratte, elle frotte, elle nettoie, elle coupe, elle racle. Je me crispe, je respire, mes mains volent autour de ma tête, s'arrêtent dans leur élan sous l'effet de la douleur, les larmes coulent, rondes chaudes, je cherche une main à saisir, un regard à crocheter, quelque chose à attraper pour partager la peur irrationnelle des curettes, pinces et ciseaux , la souffrance, le froid du spéculum et l'effroi du diagnostic.
Et c'est elle que je trouve, calme, impassible, presque froide.

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